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Le projet « Volt Gaz Volt »

Le projet « Volt Gaz Volt »

Photo de Matthias Heyde sur Unsplash

Le projet « Volt Gaz Volt » sous l’impulsion de Corinne Lepage, eurodéputée et du Professeur Robert Bell, président du département finance au Brooklyn College.

Utiliser le surplus de production électrique et du CO2 recyclé afin de produire du méthane et répondre au problème d’intermittence des énergies renouvelables, tel est le pari du projet « Volt Gaz Volt ». Il ambitionne de pouvoir offrir une alternative crédible au nucléaire ou au charbon.

Le principe du projet est simple : transformer de l’énergie électrique en méthane afin de pouvoir la stocker facilement en vue de la réutiliser au moment opportun. Il nécessite donc deux phases bien distinctes mais indissociables : la production d’énergie et le stockage de cette énergie produite.

Le projet VGV propose d’utiliser le surplus de production électrique afin de réaliser une hydrolyse et isoler l’hydrogène que l’on fait par la suite réagir avec du CO2 en vue de créer du méthane (CH4). Le méthane est ensuite aisément stockable dans le réseau de gaz naturel existant. Ce procédé présente un bilan carbone neutre car le CO2 utilisé est ensuite relâché lors de la combustion du méthane.

Ainsi on obtient la réaction chimique suivante dite réaction de Sabatier:

2 H20 ==> 2H2 + O2 puis 2H2 + CO2 ==> CH4 + 02

En obtenant ainsi du méthane à partir du CO2 on a ainsi un procédé de stockage de l’énergie électrique renouvelable issue ou des éoliennes ou de l’énergie solaire qu’elle soit photovoltaïque ou thermique. On peut ainsi utiliser cette énergie stockée dans différents domaines ; que ce soit les transports en fabriquant des moteurs au gaz ou encore l’industrie en fournissant de l’énergie électrique.

Des applications concrètes de cette technologie sont mises à l’épreuve :

– En premier lieu en Allemagne ou est implantée une usine de démonstration détenue par la société Solar Fuel dont deux sociétés françaises font partie du capital : Alstom et Schneider Electric. La société Solar Fuel propose donc de transformer l’énergie solaire ou éolienne en méthane pour le stocker et le réutiliser au moment voulu.

Solair Fuel méthanation

– En deuxième intention dans les transports. Cette technologie offre une possibilité de sortir du tout pétrole en France. La marque allemande Audi développe cette technologie avec pour but de proposer des voitures évoluant au gaz. Elle développe déjà cette nouvelle technologie au sein de son prototype de la nouvelle Audi A3 Sportback G-Tron. Cette voiture utilise une bicarburation gaz et essence lui permettant non seulement de réduire sa consommation de carburant mais aussi d’augmenter son autonomie kilométrique. audi-g-tron-800×600

Quels coûts pour cette technologie ?

La première installation industrielle de petite envergure (6,3 MW) de transformation de l’électricité en gaz est actuellement en cours de construction dans le nord de l’Allemagne par Audi en collaboration avec Solar Fuel et EWE (un utilisateur de biogaz). Les couts actuels de production sont élevés : environ 0,25 €/kWh de gaz produit. Mais l’objectif est de l’abaisser à 0,08 €/kWh d’ici 2018. Pour comprendre l’enjeu de cet objectif, il est nécessaire de le comparer avec les coûts des importations de gaz russe, en tenant compte des coûts de transport, qui sont aujourd’hui de l’ordre de 0,04 ou 0,05 €/kWh avec un cout de transport qui s’élève à 0,02€. Mais nul ne peut prévoir ce que sera ce prix à l’horizon 2018 et ce projet permet de se mettre à l’abri de tensions politiques avec la Russie impactant le prix du gaz. En outre, ce procédé étant neutre en termes de GES, il est exempté de toute fluctuation liée à l’apparition de taxe carbone ou d’influence du marché du CO2. Enfin le coût d’investissement d’une première usine serait compris entre 20 et 30 millions d’€.

Quelles solutions pour financer ces investissements ?

Reste qu’actuellement, les coûts du VGV s’élèvent à environ 250 euros par MWh de gaz produit. Cependant, le pilote industriel allemand entend les faire chuter à 80 euros par MWh en 2018. Des coûts contrebalancés en partie par l’absence d’investissements supplémentaires dans le réseau électrique, voire dans un éventuel réseau hydrogène, avance Corinne Lepage. De même, cette solution permettrait de réduire les importations de gaz naturel sans pour autant recourir aux gaz non conventionnels, plaide la députée européenne.

Pour financer ce projet Corinne Lepage propose tout d’abord de tirer parti de la production nucléaire en période de faible demande. La conversion en méthane de cette énergie, aujourd’hui “perdue”, permettrait d’amorcer le lancement des infrastructures VGV. Il s’agit d'”utiliser le nucléaire pour subventionner la sortie du nucléaire”, proposent les défenseurs du VGV précisant qu'”une fois les installations VGV en grande partie amortie, la source d’énergie serait éolienne et solaire, sans nucléaire”.

Autre option avancée, le financement par un “fonds de régénération intergénérationnel”. Ce fonds, associé à un plan de développement industriel, gérerait des sommes investies sur une longue période. Le blocage sur 30 ans des sommes versées permettrait d’assurer la pérennité du financement de la transition énergétique “dans une démarche trans-générationnelle”. Les producteurs pétroliers et gaziers seraient mis à contribution par réaffectations d’une partie des subventions publiques aux énergies fossiles dont ils bénéficient actuellement. S’appuyant sur une évaluation de la Cour des Comptes, les défenseurs du projet VGV suggèrent de réallouer au minimum un milliard d’euros par an sur les 19 milliards d’euros de subvention. De même, une partie des fonds collectés dans le cadre d’une éventuelle taxe carbone pourrait abonder le fonds de régénération intergénérationnel. Enfin, les particuliers pourraient investir dans le fonds, à condition de modifier certains aspects fiscaux. Etant donné la longue période d’investissement et l’impossibilité d’en sortir rapidement, Corinne Lepage suggère d’exonérer de droit de succession les sommes versées. Elle estime que la transmission du capital et des intérêts se ferait ainsi de façon particulièrement attractive.

Sources :

– Dossier de presse du projet VGV présenté par Corinne Lepage et Robert Bell

http://www.corinnelepage.eu/le-projet-volt-gaz-volt-une-solution-pour-la-transition-energetique/

– Les ateliers de la terre, réunion du 3,4 et 5 juin 2013 à l’UNESCO à Paris http://www.planetworkshops.org/fr/index.html